La Mongolie intérieure, un autre monde au nord de la Chine - Terres de Chine
La Mongolie intérieure, un autre monde au nord de la Chine

La Mongolie intérieure, un autre monde au nord de la Chine

26 nov. 2019

Réputée pour ses vastes prairies, son histoire liée à des peuplades nomades, la Mongolie intérieure est une région à part en Chine. Néanmoins, elle n'échappe pas à la colonisation han, aujourd'hui ethnie largement majoritaire devant les Mongols eux-même.

Mongolie intérieure 内蒙古 Nèiměnggǔ (Abréviation : 蒙 méng)
En langue mongole : Öbür mongɣul Statut :
Région autonome de Mongolie intérieure (内蒙古自治区 Nèiměnggǔ Zìzhìqū)
Chef-lieu: Hohhot (ou 呼和浩特 Hūhéhàotè en chinois)
Superficie totale: 1 183 000 km²
Population : 23 840 000 habitants


Le saviez-vous ?

  • L'ethnie mongole ne représente que 17% de la population de la province, habitée à 79% par des Hans. Ces derniers sont en général concentrés dans les centres urbains, où ils représentent parfois plus de 90% de la population.
  • Une base militaire et spatiale est implantée dans la partie occidentale de la Mongolie intérieure, à Jiuquan. C'est à partir de cette base qu'ont été lancés les vols habités chinois dans l'espace.
  • De nombreux Mongols, traditionnellement nomades, se sont sédentarisés durant la période de collectivisation des années 1950 et 1960.
  • Xi Shun, l'homme le plus grand au monde encore en vie selon le Guiness des Records, est originaire de Mongolie intérieure.

Présentation

La Mongolie intérieure est l'une des cinq régions autonomes de la République populaire de Chine, et se place comme la 3e plus grande subdivision territoriale chinoise en superficie après le Xinjiang et le Tibet.

Région réputée pour ses vastes prairies, la Mongolie intérieure est néanmoins largement désertique, avec notamment la présence en son sein du désert de Gobi.

Le nom de la région a pour but de la différencier de l'état indépendant de Mongolie et de la République de Touva en Russie, qui consistue du point de vue chinois la Mongolie extérieure. La région autonome chinoise est donc la partie méridionale de l'entité régionale appelée Mongolie (ou Grande Mongolie).

Les Mongols eux-même n'utilisent pas les termes intérieur et extérieur pour parler de leurs territoires, car ils évoquent pour eux des concepts trop sino-centriques. Les termes utilisés sont Mongolie du sud (en Chine) et du nord (l'état indépendant).

La région autonome chinoise de Mongolie intérieure est limitrophe des provinces du Heilongjiang, du Jilin et du Liaoning à l'est, de celles du Hebei, du Shanxi et du Shaanxi au sud, de la Région autonome Hui du Ningxia et de la province du Gansu à l'Ouest.

Au nord, elle dispose de 4221 km de frontières avec la Mongolie et la Russie.

Les principales villes de la province :

Nom Caractères Chinois Population
Baoutou ou Baotou 包头 1,301,768
Hohhot (Huhehaote) 呼和浩特 763,645
Chifeng (Ulanhad) 赤峰 356,805
Tongliao 通辽 264,119
Jining 集宁 263,209
Wuhai (Haibowan) 乌海 226,732
Hailar (Hulunbuir) 海拉尔 215,869
Linhe 临河 170,937
Ulanhot (Wulanhaote) 乌兰浩特 167,145
Jiagedaqi   136,811
Zalantun (Butha Qi) 扎兰屯 132,408
Xilin Hot (Xilinhaote) 锡林浩特 123,198
Yakeshi (Xuaguit Qi) 牙克石 116,044
Zhalainuoer (Jalai Nur)   108,663
Dongsheng 东胜 101,698

 

Subdivisions administratives

La Mongolie-Intérieure est divisée en douze préfectures comprenant neuf communautés urbaines et trois ligues.

Les neuf communautés urbaines sont :

Hohhot (呼和浩特市 Hūhéhàotè shì)
Baotou (包头市 Bāotóu shì)
Wuhai (乌海市 Wūhǎi shì)
Chifeng (赤峰市 Chìfēng shì)
Tongliao (通辽市 Tōngliáo shì)
Ordos (鄂尔多斯市 È'ěrduōsī shì)
Hulunbuir (呼伦贝尔市 Hūlúnbèi'ěr shì)
Baynnur (巴彦淖尔市 Bāyànnào'ěr shì)
Ulaan Chab (乌兰察布市 Wūlánchábù shì)

Les trois ligues sont :
Xilin Gol (锡林郭勒盟 Xīlínguōlè méng)
Alxa (阿拉善盟 Ālāshàn méng)
Xing'an (兴安盟 Xīng'ān méng)

Ces douze préfectures sont elles-même organisées en cent-une subdivisions de niveau district, comprenant vingt-et-un districts, onze villes-districts, dix-sept xian, quarante-neuf bannières et trois bannières autonomes.

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Géographie

Principalement constituée par des hauts plateaux -la majeure partie du territoire est à plus de 1000 mètres au dessus du niveau de la mer-, la Mongolie intérieure a en son centre les chaînes montagneuses de Yinshan, dont le point le plus élevé est à 3556 mètres (chaîne du Helan Shan).

Le nord de la région est occupé par le désert de Gobi, l'est est couvert par les forêts vierges des Grands Hinggan. Quant à l'ouest, il est constitué principalement du plateau désertique d'Ordos.

On compte 880 000 km2 de prairies dans la région, ce qui représente 21,7% du total national chinois.

Le climat est continental avec des hivers longs dont la moyenne des températures de janvier vont de moins 20 °C à moins 6 °C. Cela peut descendre à moins 30 °C dans l'extrême nord-est. En juillet, les températures s'élèvent à 20-25 °C.

Histoire

Pour être vraiment complète, l'histoire de cette région doit être considérée à l'échelle de la Grande Mongolie. Néanmoins, un petit historique de la région appelée Mongolie intérieure aujourd'hui est possible.

Au cours de son histoire, elle a été contrôlée par différents peuples : au sud, il s'agissait en général de fermiers chinois, alors qu'au nord se sont successivement imposées différentes tribus nomades comme les Xiongnu (Huns), Xianbei, Khitan, Jurchen (Mandchous) et Mongols.

Durant la période des Royaumes combattants (-453 à -221), le roi Wuling (-340 à -295) de l'état de Zhao (Hebei et Shanxi) mène une politique d'expansion vers la Mongolie intérieure et fait construire une muraille dans la région du Hetao.

Qin Shihuangdi, quand il réalise la première unification chinoise, envoie l'un de ses généraux combattre les Xiongnu et inclut le mur de l'état de Zhao dans sa Grande Muraille. Il adopte également une politique de solidification de la présence chinoise dans la région, mais ses efforts se dissiperont avec la chute de la dynastie Qin en -206.

Les différents pouvoirs politiques devront alors composer avec les Xiongnu puis d'autres peuples nomades comme les Khitan et Jurchen... Alors que Gengis Khan unifie ensuite les différentes tribus mongoles et soumet les peuples nomades, ses descendants unifient la Chine en 1279 sous la dynastie Yuan.

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Au XVIIe siècle, ce sont les Mandchous qui prennent le contrôle de la zone, avant de fonder leur dynastie Qing, et ainsi diriger toute la Chine. Sous ce pouvoir, la Mongolie est organisée en ligues et bannières, les Mongols n'ont pas le droit de voyager en dehors de leurs ligues... L'est de la province fait partie de la Mandchourie.

Les premiers fermiers chinois dans la région apparaissent au XVIe siècle, à l'époque de Altan Khan, futur fondateur de la ville de Hohhot et créateur du titre de Dalaï-lama si cher aux Tibétains.

L'immigration massive de chinois principalement hans commence plus tard, à la fin du XIXe : en 1878 sont ouverts les premiers bureaux de colonisation et districts chinois en Mongolie méridionale (via des terres vendues ou louées par les seigneurs mongols, ou des territoires réquisitionnés aux nomades présents).

À l'époque républicaine, la Mongolie déclare son indépendance en 1912, grâce au soutien de la Russie. La Mongolie intérieure actuelle est elle divisée en plusieurs parties : Rehe, Chahar, Suiyuan et Ningxia

En 1931, la partie est de l'actuelle Mongolie intérieure, qui est alors rattachée à la Mandchourie, passe sous contrôle japonais et intègre l'état pantin de Manzhouguo avec le Rehe, dès le 1er mars 1932.

Avec le début de la guerre sino-japonaise, le statut de la région devient des plus instables. L'État de Mengjiang (蒙疆, littéralement «territoires mongols»), toujours sous contrôle nippon, est fondé en premier. Le nom de l'entité évolue en 1936 pour devenir Comité mixte du Mengjiang (mengjiang lianhe weiyuanhui 蒙疆联合委员会) puis Gouvernement autonome uni du Mengjiang (mengjiang lianhe zizhi zhengfu 蒙疆联合自治政府) en 1939.

Entre temps, le 8 décembre 1937, le souverain mongol Dewang (Demchugdongrub) déclare l’indépendance de la Mongolie intérieure en tant que Mengjiang ou Mengguguo et signe des accords avec le Manzhouguo et le Japon. La capitale est établie à Zhangbei, près de Kalgan (actuellement Zhangjiakou).

Le 4 août 1941, il est de nouveau rebaptisé en Fédération autonome de Mongolie (menggu zizhi bang 蒙古自治邦). Ces manipulations, initiées par les Japonais pour affaiblir la Chine, ne portent pas leur fruit car les frontières du territoire créé compte une population à 80% Hans...

L'État du Mengjiang n'existe plus après 1945 et la reddition du Japon. Les Communistes chinois vont alors prendre contrôle de la Mongolie intérieure et de la Mandchourie, puis établissent la Région autonome de Mongolie intérieure le 1er mai 1947.

À partir de 1954, la Mongolie intérieure réabsorbe des anciens territoires : une partie des provinces du Suiyuan et du Ningxia en 1954, et une partie de la province du Rehe en 1955. Les limites actuelles de la région sont alors définies, mais le statut n'est que celui de province chinoise.

Avec la Révolution culturelle, la Mongolie intérieure doit céder environ la moitié de son territoire à ses voisines (Ningxia, Gansu, Liaoning, Jilin, Heilongjiang). Toutes les terres sont néanmoins restituées en 1979.

Un Parti du peuple de Mongolie intérieure (Neirendang) a existé avant 1949. Il fut simplement fusionné, ou plutôt absorbé, par le Parti communiste chinois quand celui-ci est arrivé aux affaires.

Ce qui n'empêcha par une sévère répression durant la Révolution culturelle de 1966 à 1976, sous le prétexte que le parti mongol avait été reformé en secret et menaçait la sécurité nationale. 800 000 personnes environ auraient été réprimées, dont 30 000 battues à mort et 120 000 mutilés.

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Culture

Si les deux langues officielles en Mongolie intérieure sont le chinois mandarin et le mongol, les populations locales parlent de nombreux dialectes, issus du chinois mandarin et du jin pour les Hans...

Tout dépend des groupes linguistiques environnant, et de l'histoire de la région. Ainsi, à l'est, les habitants parlent un dialecte proche du mandarin du nord-est, ce qui s'explique par le rattachement de la zone à la Mandchourie pendant de nombreuses années.

Les populations mongoles citadines, surtout les nouvelles générations, tendent néanmoins à parler couramment le chinois, même si le maintien de la tradition n'est pas aussi net que dans les zones rurales.

Dans les villes, la loi impose la double inscription chinois/mongol, ce qui débouche sur une situation atypique : alors que dans l'état mongol indépendant a adopté l'alphabet cyrillique, les Mongols de Chine ont conservé l'alphabet traditionnel.

Parmi les arts et disciplines traditionnels de la région, ont trouve le cirque acrobatique ou encore la lutte mongole, souvent enseignée aux enfants.

Question gastronomie, la fondue mongole est très réputée. Si vous allez sur place, vous pouvez également vous faire servir des moutons entiers grillés avec l'abdomen rempli d'oignon, de gingembre, de poivre, et de sel verts...

Economie

La Mongolie intérieure est une région riche en ressources minières et en mines de charbon. Près de Baotou, à Baiyun Obo, se trouve la plus grande mine du monde de «terres rares» (un groupe de métaux).

L’industrie se développe donc autour du charbon, de l’électricité, du cachemire, de l’industrie chimique et des industries connexes. La sylviculture et la chasse sont importantes à l'est, dans la région du Da Xing'An, alors que la culture des céréales prévaut dans les vallées proches des rivières.

Dans les zones plus arides, c'est l'élevage (moutons, chèvres, bovins, chevaux) qui assure la survie des habitants.

Deux importantes compagnies laitières, Yili et Mengniu, sont implantées en Mongolie intérieure.

Tourisme

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Question tourisme, la Mongolie intérieure tend à être présentée comme une nouvelle destination attractive. Dans la capitale régionale, Hohhot, la principale attraction est le patrimoine du bouddhisme tibétain.

On compte en effet trois temples importants du lamaïsme : celui de Dazhao, construit en 1580 est célèbre pour son Bouddha en argent, ses sculptures de dragons, celui de Xiaozhao, construit en 1697 et très apprécié par l'empereur Kangxi, des Qing, et celui de Xilituzhao, plus grand temple lamaïste de la zone, et ancien centre locale du courant religieux.

On trouve également la tombe de Wang Zhaojun, femme offerte en mariage à l'empereur Xiongnu Huhanye, et aurait ainsi apporté soixante ans de paix entre les Chinois de la dynastie Han et les Xiongnu.

Dans la préfecture d'Ordos, la principale attraction est le Mausolée de Gengis Khan. Près de Pékin, les prairies de Bashang sont elles réputées pour le calme qu'elles peuvent apporter aux habitants des villes débordés par le stress.

BRIGITTE AIT AATTOU
21 mai 2020
Quel dommage qu'il n'y ait aucun carte de géographie!!
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