Peranakans : les Chinois des détroits - Terres de Chine
Peranakans : les Chinois des détroits

Peranakans : les Chinois des détroits

13 août 2019

Communauté très puissante et influente durant des siècles, les Peranakans ont régné en maître en Asie du Sud-est. Ce sont les ancêtres des Chinois qui ont immigré en Malaisie, en Indonésie et dans le détroit de Johor au XVe et XVIe siècle, mettant à leur profit l’ère coloniale.

La conquête du sud-est asiatique

Au début du XVe siècle, la Chine a rencontré des difficultés économiques qui ont provoqué plusieurs vagues de migrations chinoises vers la péninsule indonésienne. La plupart de ces émigrés étaient instruits et ont apportés avec eux une part de leur culture ancestrale. Ils se sont très vite implantés et développés dans la péninsule en s’intégrant au commerce et s'adaptant aux coutumes locales, tout en conservant leurs racines.

À cette époque les Britanniques et les Hollandais étaient présents nombre dans le détroit de Malacca et voulaient traiter avec les commerçants locaux. Pour beaucoup, ils se sont alors tournés vers de nombreux Peranakans.

Ces derniers devinrent ainsi les intermédiaires commerciaux entre Européens et Asiatiques. Ils furent alors très appréciés des premiers pour leur dévouement plus prononcé qu'envers les Chinois.

De là a commencé à émerger une communauté considérée comme une élite de par leur instruction et leurs richesses. Ayant pour habitude de choisir des femmes dans le lieu où ils travaillaient, ces commerçants se sont mariés avec des Malaises ou des Indonésiennes créant ainsi un mixage ethnique.

  Peranakans : les Chinois des détroits  

Une culture aux nombreuses facettes

Le terme Peranakan signifie «descendant» avec une connotation ethnique en Malais et Indonésien, si bien qu'il faudrait dire Cina Peranakans pour différencier les individus d'origine chinoise. En Malaisie, ce groupe est cependant nommé «Baba-Nyonya». Emprunté du chinois, Baba signifie «Père» tandis que Nyonya veut dire «Dame» en Portugais.

Les Peranakans ont toujours été réputés pour leurs facultés linguistiques, qu’ils ont entretenu au fil des siècles en parlant en moyenne deux langues : chinois et malais, alors que leurs liens avec les Occidentaux ont permis d’y ajouter l’anglais ou le hollandais. De là un langage créole utilisé entre personnes de la communauté fut créé, mélangeant le hokkien (dialecte chinois), le malais ainsi que l’anglais.

Avec le temps et les nombreux changements géopolitiques en Malaisie, Indonésie et à Singapour, les communautés peranakans ont fini par se différencier en adoptant chacune la langue de leur pays d’accueil, tout en gardant l’usage du créole et des bases d’anglais et de chinois.

Les croyances spirituelles des Peranakans sont calquées sur les croyances chinoises : Bouddhisme, le Taoïsme ou encore le Confucianisme alors que leurs rapports étroits avec les Occidentaux les ont souvent amenés à se convertir au Christianisme.

Leur groupe a toujours été synonyme de richesse grâce à leur réussite dans le commerce et leur a permis de faire partie des classes aisées. Mais leur culture fut plus que tout la base de leur renommée.

Celle-ci se caractérise dans leurs costumes par de nombreuses représentations florales très colorés. Les styles de vêtements sont souvent empruntés à ceux des coutumes locales comme par exemple en Malaisie mais se différencient par la découpe ou encore le nombre d’ornements déposés.

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Leur cuisine s’est aussi enrichie de mélanges sino-malais qui ont fait naître des spécialités tels que le «Nyonya Laksa» très répandu à Singapour ou encore le «Kueh Lapis» sorte de gâteau aux différentes couches, servis durant le Nouvel an chinois et symbolisant la richesse.

Une identité vouée à s’éteindre

De nos jours les Peranakans sont de moins en moins représentés mais leur culture reste visible. De nombreux descendants de cette communauté sont devenus des personnes très influentes comme par exemple Lee Kwan Yee, l’ex-Premier Ministre singapourien, ou encore Tan Cheng Lock, premier Président de la communauté chinoise en Malaisie.

On ne peut plus parler aujourd’hui de communauté tant ils se sont immergés et dilués dans leurs différents pays d'adoption, même si leur culture reste une référence. Leur gloire d’antan s’éteint peu à peu et est désormais assimilée à la culture chinoise, tandis que leur langage créole n’est plus utilisé par la nouvelle génération.

Certains résistent à cette tendance et tentent de conserver leur héritage en organisant des festivals, mais leurs racines sont devenues folkloriques par la force des choses. Peu à peu, ce groupe est voué à être totalement absorbé, mais il laissera à la postérité l'idée d'un mixage ethnique et culturelle qui sublima l’idée même de communauté.

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